lundi 9 avril 2018

ATTENTION LES DEGATS

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site boxofficestory.com

"Non c'è due senza quattro" de Enzo Barboni. 1984. Italie. 1h39. Avec Terence Hill, Bud Spencer, April Clough, Harold Bergman, C.V. Wood Jr , Dary Reis, Nello Pazzafini.

Sortie salles France: ?. U.S: 16 Novembre 1984. Italie: 21 Octobre 1984

FILMOGRAPHIE: Enzo Barboni (E.B. Clucher) est un directeur de la photographie et réalisateur italien né le 10 juillet 1922 à Rome et mort le 23 mars 2002. 1970 : Ciak Mull. 1970 : On l'appelle Trinita. 1971 : On continue à l'appeler Trinita. 1972 : Et maintenant, on l'appelle El Magnifico. 1973 : Les Anges mangent aussi des fayots. 1974 : Même les anges tirent à droite. 1976 : Deux super flics. 1982 : Ciao nemico. 1983 : Quand faut y aller, faut y aller. 1984 : Attention les dégâts. 1987 : Renegade. 1991 : Ange ou Démon. 1995 : Trinità & Bambino... e adesso tocca a noi.


Se faisant passer pour des sosies à la suite d'une transaction avec deux cousins milliardaires, Bud Spencer et Terence Hill joue les pachas dévergondés au moment même de s'opposer à des mafieux dirigés par une mystérieuse matriarche. Clucher / Spencer / Hill ! On ne change pas une équipe qui gagne si bien que la recette bonne humeur / gags / baffes dans la gueule reste inchangée sur fond de carte postale tropicale ! Tourné un an après Quand faut y aller, faut y aller; Attention les Dégâts reste une comédie familiale bonnard toujours aussi plaisante et cocasse grâce à la complicité jouasse de nos "Laurel et Hardy" dédoublés ici pour s'auto-parodier (les 2 milliardaires étant des froussards minaudiers victimes de leur confort). 

Box Office France: 1 274 468 entrées (classé 31è)
Version longue dispo en Dvd chez Seven Sept

* Bruno

vendredi 6 avril 2018

Roadhouse

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Rowdy Herrington. 1989. U.S.A. 1h54. Patrick Swayze, Kelly Lynch, Sam Elliott, Ben Gazzara, Kevin Tighe, Red West

Sortie salles France : 3 janvier 1990. U.S: 19 Mai 1989

FILMOGRAPHIE: Rowdy Herrington (né en 1951 à Pittsburgh, Pennsylvanie) est un réalisateur et scénariste américain. 1988 : Jack's Back. 1989: Road House. 1992: Gladiator. 1993 : Piège en eaux troubles. 1999 : Murder of Crows (vidéo). 2001: Présumé Coupable. 2003 : I Witness. 2004 : Bobby Jones, naissance d'une légende.


Videur: Personne qui a la mission de repousser des personnes indésirables à l'entrée d'un établissement public.

Si en 1989 le succès ne fut pas au rendez-vous lors de sa sortie internationale (chez nous il cumule 639 139 entrées et se classe 45è au Box-Office), Roadhouse a gagné au fil des ans une réputation de série B culte (on va éviter d'emprunter le terme "nanar" pour ne pas froisser les fans puristes), de par ses multiples rediffusions à la TV et de son exploitation en Vhs, Dvd et Blu-ray. On ne va pas se leurrer, Roadhouse fait clairement office de plaisir "innocent" (non je ne suis pas coupable !) au sein du moule d'une action décérébrée en roue libre, faute à une intrigue aussi limpide que prévisible (un videur réputé pour son autorité est recruté chez un autre taulier afin de faire régner l'ordre dans sa boite à triste renommée) et de situations parfois hilarantes à force de surenchère musclée et de cabotinage chez les comédiens prenant très au sérieux leur posture martiale. Pour autant, par je ne sais quelle alchimie (spirituelle peut-être), Roadhouse fonctionne de la 1ère à la dernière seconde si bien qu'il s'avère constamment jouissif à travers sa conjugaison d'action, de romance et de chouilla d'érotisme ! De par son rythme homérique fertile en bastonnades (de saloon) et gunfights; Rowdy Herrington ne lésine pas non plus sur la surenchère, notamment si je me réfère à son final barbare d'une violence étonnamment gratuite.


Et ce pour le plus grand fantasme du spectateur ravi, tel un bambin jovial, d'assister à l'opiniâtre vendetta d'un portier travesti en tueur sans vergogne ! (même s'il s'agit d'une seconde posture de par son sombre passé rongé d'une certaine culpabilité). Au-delà du plaisir d'assister au spectacle de bastons rondement exécutées à rythme cadencé, Roadhouse renforce son ressort ludique auprès de la présence d'une des stars de l'époque, Patrick Swayze révélé plus tôt par le classique "rose bonbon" Dirty Dancing. Ce dernier parvenant à se glisser dans le corps (huilé) de Dalton, héros impassible à la fois flegme et studieux, tout en force tranquille, notamment par son esprit philosophe hérité de l'art martial. En doctoresse fringante, Kelly Lynch lui partage la vedette avec charme et sensibilité afin d'incarner sa muse éprise de sentiments mais peu à peu gagnée par l'appréhension d'un dénouement dramatique. En faire-valoir plein de charme viril, le charismatique (et beaucoup trop rare !) Sam Elliot endosse le fidèle acolyte de Dalton avec un sens de l'amitié indéfectible et une démarche de cow-boy infaillible (bordel quel putain d'acteur ultra charismatique !). Quand bien même Ben Gazzara cabotine sensiblement avec amiteuse dérision dans celui du mafieux mégalo se complaisant dans les provocations verbales et menaces meurtrières avec une mine jouasse. Tous ces personnages hauts en couleur parvenant efficacement à se prêter au jeu des règlements de compte et intimidations machistes, à savoir qui emportera la mise afin de régenter une paisible bourgade rurale.


Western moderne fort en gueule à travers son esprit Rock and roll / Country où la bière coule à flot entre moult bastonnades que s'échange un casting aguerri, Roadhouse fait office de must bourrin sous l'influence stoïque d'un Patrick Swayze étonnamment charmeur, décontracté mais aussi schizo en redresseur de tort réac. A redécouvrir fissa si bien que le divertissement constamment trippant (notamment à travers ses séquences hilarantes et ses bons sentiments tantôt solidaires, tantôt romantiques) n'a pas pris une ride (bien au contraire il est même encore plus drôle aujourd'hui auprès de sa cocasserie rétro). 

* Bruno 
Ci-joint chronique de la version 2024: https://brunomatei.blogspot.com/2024/03/road-house.html

jeudi 5 avril 2018

GOTHIC

                                                 Photo empruntée sur google, appartenant au site Imdb.com

de Ken Russel. 1986. Angleterre. 1h27. Avec Gabriel Byrne, Julian Sands, Natasha Richardson, Timothy Spall, Myriam Cyr.

Sortie salles France: 4 Février 1987

FILMOGRAPHIE: Ken Russell est un réalisateur, scénariste, acteur, producteur, monteur et directeur de la photographie britannique né le 3 juillet 1927 à Southampton. 1967 : Un cerveau d'un milliard de dollars, 1969 : Love , 1970 : The Music Lovers, 1971 : Les Diables, 1971 : The Boy Friend, 1972 : Savage Messiah, 1974 : Mahler, 1975 : Tommy, 1975 : Lisztomania, 1977 : Valentino, 1980 : Au-delà du réel, 1984 : Les Jours et les nuits de China Blue,1986 : Gothic, 1988 : Salome's Last Dance , 1988 : Le Repaire du ver blanc ,1989 : The Rainbow ,1991 : La Putain, 2002 : The Fall of the Louse of Usher, 2006 : Trapped Ashes segment "The Girl with Golden Breasts".


Un trip halluciné à l'hystérie collective nonsensique, tantôt fascinant (formellement poétique et alambiqué), souvent irritable.
A revoir pour me faire une opinion objective.

* Bruno

mercredi 4 avril 2018

LOVE STORY. Golden Globe Meilleur Film Dramatique, 1971.

                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmfracas.files.wordpress.com

de Arthur Hiller. 1970. U.S.A. 1h39. Avec Ali MacGraw, Ryan O'Neal, John Marley, Ray Milland, Tommy Lee Jones.

Sortie salles France: 5 Mai 1971. U.S: 16 Décembre 1970

FILMOGRAPHIE: Arthur Hiller, né le 22 novembre 1923 à Edmonton (Alberta) et mort le 17 août 2016 à Los Angeles (Californie), est un réalisateur canadien.1956 : Massacre at Sand-Creek. 1963 : The Wheeler Dealers. 1964 : Les Jeux de l'amour et de la guerre. 1965 : Promise Her Anything. 1966 : Tobrouk, commando pour l'enfer. 1966 : Les Plaisirs de Pénélope. 1967 : The Tiger Makes Out
1970 : Escapade à New York. 1970 : Love Story. 1971 : Plaza Suite. 1971 : L'Hôpital. 1972 : L'Homme de la Manche. 1975 : The Man in the Glass Booth. 1976 : Transamerica Express. 1979 : Ne tirez pas sur le dentiste. 1979 : Morsures. 1982 : Making Love. 1982 : Avec les compliments de l'auteur ! 1983 : Romantic Comedy. 1984 : Ras les profs ! 1984 : Manhattan Solo. 1987 : Une chance pas croyable. 1989 : Pas nous, pas nous. 1990 : Filofax. 1992 : The Babe. 1997 : An Alan Smithee Film.

           
                                       « L'amour, c'est n'avoir jamais à dire qu'on est désolé »

Enorme succès international à sa sortie (chez nous il récolte 5 512 408 entrées et se classe 5è sur 60 !) ayant traumatisé une génération de spectateurs (et de lecteurs d'après le Best-seller du scénariste Erich Segal), Love Story aborde le mélo avec une intensité dramatique aussi cruelle que bouleversante, eu égard de la tournure tragique (pour ne pas dire cauchemardesque) des évènements que se confronte un couple de jeunes mariés. Réalisé par l'artisan touche à tout Arthur Hiller (sa riche filmo ne cesse d'entrecroiser les genres les plus divers), ce dernier élude admirablement voyeurisme et complaisance face à un sujet aussi grave que délicat, et ce grâce à la solidité de sa réalisation particulièrement sobre et réaliste, et du jeu incandescent du couple mythique Ali MacGraw / Ryan O'Neal portant le film à bout de bras avec une puissance émotionnelle aussi prude que déchirante (si je me réfère aux moments intimistes les plus rigoureux). C'est dire si l'alchimie sentimentale entre eux fonctionne avec un art consommé de par leurs échanges amoureux jamais outrés (lui est d'ailleurs de nature intègre, révolté et passionnément amoureux; elle est arrogante, espiègle, provocatrice et obtuse dans sa peur de céder à la pureté de ses sentiments !) puis leur désarroi progressif suite à l'injustice de la maladie.


Cauchemardesque et éprouvante, sa dernière partie vertigineuse nous glace autant d'effroi que de désarroi face à l'introspection de l'époux affligé par une destinée morbide aléatoire. Arthur Hiller filmant ses errances urbaines parmi la suggestion du non-dit, de par la vigueur de son regard modestement meurtri car hanté par la déveine, le remord et la culpabilité. Notamment auprès des rapports houleux avec son patriarche trop orgueilleux et autoritaire qu'il se refuse à chérir ouvertement en dépit de l'influence clémente de Jennifer. Car opposant en sous-intrigue les relations paternelles que s'échangent le couple entre une famille patriarcale cossue (le père si hautain d'Oliver) et une famille prolo catholique (le père beaucoup plus empathique et indulgent de Jennifer), Arthur Hiller suggère en sous-texte social l'émancipation d'une jeunesse rebelle s'opposant aux nobles traditions et à la religion à l'orée des années 70 (Oliver et Jennifer refusent de se marier à l'église faute de leur athéisme). De par la puissance de certaines séquences émotives admirablement dépouillées de racolage (notamment cette magnifique étreinte dans l'hôpital alors que l'un des paternels se met brièvement en retrait pour préserver leur intimité), Love Story inspire la dignité face au thème de la maladie incurable frappant de plein fouet un couple fusionnel en ascension financière.


Fer de lance qui allait inspirer une flopée de mélodrames souvent sirupeux et noyés de bons sentiments, Love Story reste quelques décennies après sa sortie un classique du genre d'une fragilité émotive radicale, entre spleen et dépression d'un amour nécrosé. Le spectateur s'identifiant auprès de l'infortune du couple juvénile avec une appréhension à la fois morale et viscérale, faute d'une peur morbide pouvant frapper sans sommation l'être le plus cher car le plus aimé. Francis Lai se chargeant aussi d'accompagner son délicat climat langoureux sous l'impulsion d'une mélodie au clavecin restée dans toutes les mémoires (Oscar de la Meilleure musique un an plus tard).

* Bruno

Récompenses:
Oscar de la meilleure musique originale pour Francis Lai en 1971
Golden Globes 1971 :
Meilleur film dramatique
Meilleur actrice dans film dramatique pour Ali MacGraw
Meilleur réalisateur pour Arthur Hiller
Meilleur scénario pour Erich Segal
Meilleure musique originale pour Francis Lai

Info subsidiaire relayée d'après le site Remember the times:
En 1972, "Love Story" était le film le plus regardé à la télévision de tous les temps.

EPOUSE MOI MON POTE

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Tarek Boudali. 2017. France. 1h31. Avec Tarek Boudali, Philippe Lacheau, Charlotte Gabris, Andy Raconte, David Marsais, Julien Arruti, Baya Belal, Philippe Duquesne.

Sortie salles France: 25 Octobre 2017

FILMOGRAPHIE: Tarek Boudali est un acteur, scénariste et réalisateur français, né le 5 novembre 1979. 2017: Epouse moi mon pote.


                                                                         Chronik'express 

La joyeuse bande à Fifi, ou les Charlots du nouveau siècle !

Baby Sitting 1 et 2, Alibi.com, Epouse moi mon pote !
Rien ne les arrêtent si bien qu'au fil de leur carrière payante, Tarek Boudali / Philippe Lacheau sont entrain de se tailler une jolie réputation de trublions comparables (à mes yeux) à l'équipe du Splendid et à celle des Charlots. Toujours aussi inspirés par l'énergie folingue de gags à la fois cartoonesques (le fameux esprit ZAZ), cocasses et déjantés, Epouse moi mon pote transpire à chaque seconde la générosité de ces interprètes assortie d'une sincérité faisant clairement écho aux comédies des années 80 (ceux-ci ont carrément compris la recette de la comédie populaire festive, bigarrée, sans prétention, emplie de chaleur humaine !).
Résolument décomplexés dans leur bonne humeur expansive d'endosser des "zozos" d'un naturel confondant, ils crèvent l'écran à chacune de leurs extravagantes apparitions !
Et donc ça a beau voler bas, flirter avec la nullité, les maladresses (il s'agit d'une première réalisation) et les lourdeurs (notamment dans son lot de clichés usuels), Epouse moi mon pote insuffle pour autant rire et sourire de gosse de la 1ère à la dernière seconde, et ce entre 2 plages de tendresse émotives !

Bref, Tarek Boudali, acteur et réal novice, accompagné de sa jouasse équipe, cultivent charme innocent et fraîcheur (infiniment) sémillante sous couvert de farce sociale sur la naturalisation d'un couple gay. Et d'y cumuler au final 2 467 154 entrées dans nos contrées !

* Bruno

mardi 3 avril 2018

L'ILE DE LA TERREUR

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com


"Island of Terror" de Terence Fisher. 1966. 1h29. Angleterre. Peter Cushing, Edward Judd, Carole Gray, Eddie Byrne, Sam Kydd, Niall MacGinnis.

Sortie salles France: 14 Juin 1972. Angleterre: 20 Juin 1966.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.


Après avoir expérimenté des cellules vivantes afin d'enrayer la maladie du cancer, des créatures prénommées "les silicates" y sont engendrées et finissent par envahir une région côtière de l'Angleterre en dévorant les citadins. Ces derniers étant retrouvés dans un état liquéfié. Le docteur Brian Stanley et deux de ses compères vont tenter de les détruire depuis leur prolifération rendue ingérable. 


Rappelant le thème des invasions extra-terrestres d'après les classiques ricains des années 50, l'île de la Terreur est une savoureuse série B horrifique aussi modeste soit sa réalisation estampillée Terence Fisher. Car si les créatures peuvent paraître plutôt ringardes lors de leurs déplacements atones, leur morphologie à la fois visqueuse et indicible ainsi que leur capacité sournoise à alpaguer leurs victimes parviennent à fasciner lors des scènes-chocs les plus marquantes que Fisher met en exergue sans fard. Et si son schéma narratif que l'on connait par coeur n'apporte aucune surprise (jusqu'à l'épilogue sardonique repris dans moult productions), la conviction des interprètes (Peter Cushing en tête en docteur studieux, accompagné de seconds-rôles aussi dépouillés) et l'enjeu de survie que s'improvisent solidairement nos protagonistes parviennent à instaurer un suspense captivant souvent inquiétant. Qui plus est, pour renforcer l'aspect vénéneux de ces créatures carnivores (nanties d'antenne meurtrière sur leur carapace !), une bande-son dissonante est exacerbée à chacune de leurs apparitions. On apprécie enfin l'invention des stratégies offensives (et de communication afin de canaliser l'affolement de la populace) que mettent en pratique nos héros fébriles dans leur quête ardue de trouver une solution furtive contre la menace. Fisher empruntant habilement le principe du huis-clos étouffant (tant à travers sa campagne rurale qu'en interne d'une église), théâtres d'agressions criminelles rehaussées d'un réalisme quasi documenté.


Une très sympathique série B british conjuguant efficacement suspense, tension et horreur viscérale (notamment à travers l'expression hébétée de certaines victimes liquéfiées !) autour des dangers de l'avancement médical. Fisher abordant aussi la question éthique de sacrifier la cause animale au profit de la recherche et de notre survie. 

* Bruno

vendredi 30 mars 2018

LE VAMPIRE A SOIF

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"The Blood Beast Terror" de Vernon Sewell. 1968. Angleterre. 1h20. Avec Peter Cushing, Robert Flemyng, Wanda Ventham, Vanessa Howard, Glyn Edwards, David Griffin.

Sortie salles France: 31 Mars 1971. Angleterre: Janvier 1968

FILMOGRAPHIEVernon Sewell est un réalisateur britannique né le 4 juillet 1903 à Londres et
décédé le 21 juin 2001. 1933 : Morgenrot. 1934 : The Medium. 1937 : A Test for Love. 1938 : Breakers Ahead. 1939 : What Men Live by. 1943 : P.H. contre Gestapo. 1945 : The World Owes Me a Living. 1946 : Latin Quarter. 1947 : Le Fantôme de Berkeley Square. 1948 : Uneasy Terms. 1949 : The Jack of Diamonds. 1951 : The Dark Light. 1951 : The Black Widow. 1952 : The Floating Dutchman. 1952 : Ghost Ship. 1953 : Counterspy. 1954 : Dangerous Voyage. 1954 : Radio Cab Murder. 1955 : Where There's a Will. 1956 : Johnny You're Wanted. 1956: Soho quartier dangereux. 1956: Home and Away. 1957: Rogue's Yarn. 1958: Battle of the V-1. 1959: Wrong Number. 1960 : Urge to Kill. 1961: House of Mystery. 1961: The Wind of Change. 1961: The Man in the Back Seat. 1962: Strongroom. 1963: A Matter of Choice. 1963: Strictly for the Birds. 1967: Some May Live. 1968 : Le vampire a soif. 1968 : La Maison ensorcelée. 1972 : Burke and Hare.


Petite série B d'épouvante plutôt occultée de nos jours, Le Vampire a soif aborde efficacement la thématique du vampirisme avec une originalité saugrenue si j'ose dire. Sans trop détailler l'intrigue afin de préserver les effets de surprises et rebondissements, un inspecteur de police (campé par un Peter Cushing toujours aussi à l'aise en fin limier redresseur de tort) enquête sur une série de meurtres au sein d'une petite bourgade londonienne du 19è siècle. Les victimes étant retrouvées sauvagement assassinées par un mystérieux criminel. Ses soupçons finissent par se reporter auprès d'un entomologiste en étroite collaboration avec sa fille.


Oscillant l'enquête policière à suspense et l'épouvante séculaire à l'aide d'effets spéciaux tantôt ringards (la 1ère apparition de la créature prête plutôt à sourire par son aspect risible), tantôt fascinants (les saisissantes images du chrysalide en hibernation), Le Vampire a soif parvient aisément à entretenir notre curiosité grâce à la virilité des interprètes communément convaincants (notamment le charismatique Robert Flemyng en apprenti sorcier sournois) et à la folie de sa narration résolument délirante ! Baignant dans une atmosphère gothique capiteuse à proximité d'une campagne hostile, théâtre de sombres évènements macabres, le Vampire a soif amuse et fascine à la fois aussi modeste soit l'entreprise de Vernon Sewell. Tant et si bien qu'il cède parfois à 1 ou 2 couacs (l'attitude contradictoire du professeur mettant subitement un terme à ses travaux alchimistes s'avère trop expéditive à mon sens pour nous convaincre de ce revirement) et à une réplique involontairement cocasse (Cushing s'adressant avec stupeur concise auprès d'une victime moribonde: "Et bien mon garçon, qui y a t'il ?"). Correctement mené et réalisé, Sewell se permet en prime d'injecter des clins d'oeil à la mythologie vampirique avec une dérision implicite (la jeune fille vierge hypnotisée puis kidnappée afin d'assouvir la soif de la créature !).


Un très sympathique divertissement gothique à réévaluer à sa noble valeur et à ranger à proximité de son binôme aussi décalé et déjanté: la Chair du Diable !

* Bruno

Box-Office Français: 153 479 entrées

jeudi 29 mars 2018

LA CHAIR DU DIABLE

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Creeping Flesh" de Freddie Francis. 1973. Angleterre. 1h32. Avec Peter Cushing, Christopher Lee, Lorna Heilbron, George Benson, Kenneth J. Warren.

Sortie salles France: 10 Mars 1976    U.S: 12 Février 1973

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Freddie Francis est un réalisateur, directeur de photographie et scénariste britannique, né le 22 Décembre 1917 à Londres, décédé le 17 Mars 2007 à Isleworth (Royaume-Uni). 1962: La Révolte des triffides. 1963: Paranoiac. 1964: Meurtre par procuration. 1964: l'Empreinte de Frankenstein. 1965: Le Train des Epouvantes. 1965: Hysteria. 1965: The Skull. 1966: The Deadly Bees. 1966: Poupées de cendre. 1967: Le Jardin des Tortures. 1968: Dracula et les Femmes. 1970: Trog. 1972: Histoires d'Outre-Tombe. 1973: La Chair du Diable. 1973: Les Contes aux limites de la folie. 1974: Son of Dracula. 1975: La Légende du Loup-Garou. 1975: The Ghoul. 1985: Le Docteur et les Assassins. 1987: Dark Tower.


Série B aux doux airs de Hammer Film, de par son climat gothique prédominant et de la réunion des gentlemans de l'horreur Peter Cushing / Christopher Lee en savants conjointement utopistes, La Chair du Diable vaut son pesant de cacahuètes de par son cheminement narratif littéralement cintré ! Quand bien même l'un des thèmes majeurs de l'intrigue s'oriente davantage sur la folie mentale.  Grâce à sa stupéfiante découverte du squelette d'un éventuel ancêtre de Cro-Magnon, le professeur Hildern accomplit ses recherches sur l'origine du Mal. Après avoir incidemment renversé de l'eau sur la phalange squelettique du sujet, ce dernier retrouve par miracle sa chair humaine. Après diverses expériences à conjuguer du sang humain avec celui de la créature, Hildern pense avoir trouvé un vaccin qui pourrait sauver notre race du Mal. De son côté, son frère, directeur d'un centre psychiatrique, compte s'approprier de son insensée découverte archéologique en tenant lieu de chantage.  


Voilà en gros le pitch brièvement condensé car La Chair du Diable bénéficie notamment d'une sous-intrigue aussi inquiétante par le truchement d'un personnage féminin bicéphale, la fille du savant Hildern. Si bien qu'après une première partie aussi fascinante que captivante à traiter du thème du Mal avec originalité; Freddie Francis met de côté la découverte improbable d'Hildern afin de télescoper passé et présent d'une sombre affaire familiale. Tant auprès des rapports amoureux du professeur avec son épouse volage que de sa fille en proie aux pulsions psychotiques. Le réalisateur s'attardant ensuite à détailler les errances nocturnes de cette dernière fréquentant les pubs malfamés (ambiance victorienne très "Jack l'éventreur !) au moment de se livrer au même jeu lubrique et démentiel de sa mère. Sur ce point, je tiens à féliciter le jeu très spontané, pour ne pas dire habité par l'étrange et charnel Lorna Heilbron dans un jeu psychotique subtilement vénéneux, notamment grâce à l'intensité de son regard étrangement vicié. Quant aux princes de l'horreur British venus aimablement se prêter au show d'épouvante, Cushing et Lee se disputent la soif du pouvoir avec autant de méfiance et médisance que de fourberie.


The Thing
B movie débridé aussi vrillé que décomplexé, de par la folie de son scénario constamment extravagant démystifiant l'origine du Mal, La Chair du Diable joue la carte du ciné Bis avec un grain de folie contagieuse. Eu égard de son final équivoque régi en forme de clin d'oeil à savoir si tout ce que nous venons d'assister ne provenait pas des divagations scientifiques d'un cerveau dérangé ! Inopinément badin, Freddie Francis nous ayant relaté avec élégance gothique,  effet de surprise et goût de provocation (notamment cette tentative de viol d'une aura particulièrement primale !) une réjouissante blague macabre ! 

* Bruno
3èx

Box-Office France: 67 472 entrées

mercredi 28 mars 2018

CONDORMAN

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com

de Charles Jarrott. 1981. U.S.A. 1h31. Avec Michael Crawford, Oliver Reed, Barbara Carrera, James Hampton, Jean-Pierre Kalfon, Dana Elcar.

Sortie salles France: 28 Octobre 1981. U.S: 7 Août 1981

FILMOGRAPHIECharles Jarrott, né le 16 juin 1927 à Londres et mort le 4 mars 2011 à Woodland Hills des suites d'un cancer de la prostate, est un réalisateur et scénariste britannique. 1969 : Anne des mille jours. 1971 : Marie Stuart, reine d'Écosse. 1973 : Les Horizons perdus. 1974 : The Dove. 1976 : Escape from the Dark. 1977 : De l'autre côté de minuit. 1980 : The Last Flight of Noah's Ark. 1981 : Condorman. 1981 : L'Homme de Prague. 1986 : The Boy in Blue. 1997 : The Secret Life of Algernon. 2001 : Turn of Faith.


Woody, dessinateur féru de super-héros est enrôlé par son ami Harry travaillant pour la CIA. Sa mission: livrer des documents à Istanbul au moment même de rencontrer une espionne du KGB; la belle Natalia. A eux deux, ils forment rapidement un tandem amoureux avant que le supérieur de Natalia ne se résout à éliminer Condorman (son pseudo en tant qu'agent secret) ainsi que son acolyte Harry.


Echec public à sa sortie (même si chez nous il comptabilise 1 048 130 entrées, un exploit au vu du résultat dégingandé !), Condorman est une sympathique tentative ratée de chez Disney à se prêter à l'espionnage et au film de super-héros parmi l'inexpérience du réalisateur jamais à la hauteur de ses ambitions. La faute incombant notamment à un script aussi bien poussif que déstructuré cédant peu de place à l'action homérique. Les spectateurs infantiles inévitablement ravis d'accueillir le nouveau Disney sur grand écran ont d'ailleurs dû faire grise mine durant la projo si bien que le super-héros tant promis en haut de l'affiche (rutilante par ailleurs !) ne possède aucun pouvoir surnaturel ni de don particulier, si ce n'est de survoler 2 fois le ciel à l'aide d'une panoplie aux articulations mécaniques rubigineuses. On se distrait toutefois d'une course-poursuite bonnard en voitures lors de son 1er acte  et d'une autre plus explosive en hors-bord en guise de conclusion, quand bien même l'homme-condor s'affuble d'une arme laser afin d'éliminer ses adversaires. Une séquence débridée gentiment fun et forcément influencée par le phénomène "Star wars" au grand dam de la maladresse du montage et du peu d'inventivité des affrontements sur mer.


Divertissement mineur peu intense et haletant en dépit de la bonne volonté des comédiens à s'efforcer de rendre attachants leurs personnages parodiques, Condorman tente donc de confondre film de super-héros et la saga James Bond avec une naïveté désarmante. Et si le charme lascif de Barbara Carrera opère souvent, la prestation loufoque de Michael Crawford en super-héros du pauvre s'avère à la lisière du ridicule en dépit de 2/3 rires et sourires qu'il nous provoque lors de son héroïsme de fortune comparables aux gags familiaux du duo Bud Spencer / Terence Hill. Quant bien même son partenaire Oliver Reed fait office d'acte de présence en méchant du KGB assez inexpressif (ou alors redondant de par sa mine souvent renfrognée, pour ne pas dire guindée). J'en oublierai presque de citer la présence secondaire de James Hampton en aimable faire-valoir venu prêter main forte à Condorman avec une bonhomie toute innocente. Mais paradoxalement, avec le recul, de l'indulgence et une pointe de nostalgie, le spectacle si démanché se laisse pourtant suivre sans déplaisir de par son charme aujourd'hui rétro, l'expression enjouée du casting, et provoque même un sourire amusé à observer (avec curiosité) les aventures exotiques d'un (super) agent secret (notamment dans l'art du camouflage !) à défaut de super-héros inhabituellement ordinaire !

* Bruno

mardi 27 mars 2018

QUAND FAUT Y ALLER, FAUT Y ALLER

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Nati con la camicia" de E.B. Clucher. 1983. 1h48. Avec Terence Hill, Bud Spencer, Buffy Dee, David Huddleston, Riccardo Pizzuti, Faith Minton.

Sortie salles France: 14 Décembre 1983.

FILMOGRAPHIE: Enzo Barboni (E.B. Clucher) est un directeur de la photographie et réalisateur italien né le 10 juillet 1922 à Rome et mort le 23 mars 2002. 1970 : Ciak Mull. 1970 : On l'appelle Trinita. 1971 : On continue à l'appeler Trinita. 1972 : Et maintenant, on l'appelle El Magnifico. 1973 : Les Anges mangent aussi des fayots. 1974 : Même les anges tirent à droite. 1976 : Deux super flics. 1982 : Ciao nemico. 1983 : Quand faut y aller, faut y aller. 1984 : Attention les dégâts. 1987 : Renegade. 1991 : Ange ou Démon. 1995 : Trinità & Bambino... e adesso tocca a noi.


"Un pincement au coeur particulier auprès de cette comédie des années 80 que j'ai pu découvrir en salles un Dimanche après-midi. Et la bonne nouvelle ce soir émane de mon sourire de gosse constant au 3è visionnage !" 

Comédie familiale taillée sur mesure pour le duo Hill / Spencer (si bien qu'il engrange 1 702 062 entrées rien qu'en France !), Quand faut y aller, faut y aller ne déroge pas à la règle de la déconnade la plus folingue et décomplexée sous l'impulsion de nos Laurel et Hardy rarement avares de calembours, ventriloquisme et baffes dans la gueule en bonne et due forme. En l'occurrence, ces derniers (l'un auto-stoppeur, l'autre ex taulard) sont recrutés par la CIA à la suite d'un concours de quiproquos fructueux. Leur mission: infiltrer l'organisation K1 dirigé par l'utopiste "Tigre". Déguisés en texans millionnaires, nos lurons vont devoir redoubler de ruses et d'héroïsme afin d'échapper aux sbires du Tigre désireux de devenir le maître du monde.


Hommage parodique aux films d'espionnages, en particulier à la célèbre saga "James Bond" (la même année sortait d'ailleurs sur les écrans Octopussy !), Quand faut y aller, faut y aller transpire la bonne humeur et la fanfaronnade (tant auprès des méchants que des gentils héros usurpant l'identité de faux agents) sous l'autorité infaillible de Bud Spencer et Terence Hill à la complémentarité amicale sémillante. Ceux-ci pleinement investis dans une action rocambolesque insufflant une bonhomie fringante à chacune de leur apparition décontractée. Truffé de gags tantôt hilarants, tantôt cocasses (mêmes les plus lourdingues prêtent à rire !), de cascades, poursuites et pugilats autour d'une intrigue improbable aussi simpliste qu'extravagante, Quand faut y aller faut y aller affiche un second degré irrésistible autour du paysage exotique de Miami (à l'instar d'une visite touristique !). Autant dire que les fans irréductibles du duo comique vont une fois de plus se régaler à suivre leurs pérégrinations au sein d'une aventure à la fois amiteuse et débridée comme on n'ose plus en produire aujourd'hui. Comme quoi même les comédies les plus simplistes, bricolées, modestes et innocentes parviennent à traverser le temps et les modes, notamment grâce au spécialiste du genre Enzo Barboni (alias E.B. Clucher) qui initia le duo légendaire à la popularité durant plus de deux décennies (70/80).

* Bruno

lundi 26 mars 2018

LA GUERRE DES BOUTONS. Prix Jean Vigo

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site unifrance.org

d'Yves Robert. 1962. France. 1h33. avec Jacques Dufilho, Yvette Etievant, Michel Galabru, Michèle Méritz, Jean Richard, Pierre Tchernia. André Treton, Michel Isella, Martin Lartigue, François Lartigue, Marie-Catherine Michonska-Faburel.

Sortie salles France: 13 avril 1962 ou 18 avril 1962

FILMOGRAPHIEYves Robert est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur français né le 19 juin 1920 à Saumur, décédé le 10 mai 2002 à Paris. 1954 : Les Hommes ne pensent qu'à ça (acteur, producteur). 1958 : Ni vu... Ni connu... 1959 : Signé Arsène Lupin. 1960 : La Famille Fenouillard. 1961 : La Guerre des boutons. 1963 : Bébert et l'Omnibus. 1964 : Les Copains. 1965 : Monnaie de singe. 1967 : Alexandre le bienheureux. 1969 : Clérambard. 1972 : Le Grand Blond avec une chaussure noire. 1973 : Salut l'artiste. 1974 : Le Retour du grand blond. 1976 : Un éléphant ça trompe énormément. 1977 : Nous irons tous au paradis. 1979 : Courage, fuyons. 1984 : Le Jumeau. 1990: La Gloire de mon père. 1990 : Le Château de ma mère. 1991 : Le Bal des casse-pieds. 1993 : Montparnasse-Pondichéry.


                                   "et dire que quand on sera grand on s'ra aussi bête qu'eux !"

Hymne à la liberté, à l'amitié et au batifolage du point de vue d'une enfance insouciante, la Guerre des Boutons est une formidable comédie populaire menée tambour battant par une troupe de comédiens en roue libre dans leur tempérament aussi bien sémillant que belliqueux. Si le divertissement intelligent militant pour la communication scolaire et parentale (les rapports houleux entre Lebrac et son professeur ainsi qu'avec son père castrateur) perdure toujours son innocente fraîcheur aujourd'hui, il le doit beaucoup à sa tendre cocasserie et à la fringance des enfants surprenants de naturel en p'tits rebelles en culotte courte en voie d'affirmation.


* Bruno

vendredi 23 mars 2018

LES YEUX DE LA FORET

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site disney-planet.fr

"The Watcher in the Woods" de John Hough. 1982. U.S.A/Angleterre. 1h24. Avec Lynn-Holly Johnson, Kyle Richards, Bette Davis, Benedict Taylor, Carroll Baker, David McCallum.

Sortie salles France: 15 Septembre 1982. U.S: 17 Avril 1980

FILMOGRAPHIE: John Hough est un réalisateur anglais, né le 21 Novembre 1941 à Londres.
1969: Wolfshead : The Legend of Robin Hood. 1970: Eyewitness. 1971: Les Sévices de Dracula. 1972: l'île au Trésor. 1973: La Maison des Damnés. 1974: Larry le dingue, Mary la garce. 1975: La Montagne Ensorcelée. 1978: Les Visiteurs d'un Autre Monde. 1978: La Cible Etoilée. 1980: Les Yeux de la Forêt. 1981: Incubus. 1982: Le Triomphe d'un Homme nommé Cheval. 1986: Biggles. 1988: Hurlements 4. 1988: American Gothic. 1989: Le Cavalier Masqué (télé-film). 1990: A Ghost in Monte Carlo (Télé-film). 1992: Duel of Hearts (télé-film). 1998: Something to Believe In. 2002: Bad Karma.


Produit par Disney qui s'essaya au genre fantastique afin de rameuter un public adulte, aussi paradoxal soit leur revirement, Les Yeux de la Forêt fut un cinglant échec commercial à l'instar du tout aussi boudé La Foire des Ténèbres sorti 3 ans plus tard. Réalisé par John Hough, habile artisan de série B à qui l'on doit Les Sévices de Dracula, Larry le dingue, Mary la garce, Incubus et surtout  l'envoûtante Maison des Damnés (sa plus belle réussite à mes yeux !), Les Yeux de la Forêt demeure une formidable machine à suspense sous le pilier d'un scénario captivant à base d'occultisme, de clairvoyance et de hantise. John Hough parvenant à conjuguer efficacement, mystère, inquiétude et angoisse sous jacente autour des agissements d'une investigatrice avide de vérité suite à la disparition inexpliquée d'une ado. A peine emménagée dans une demeure gothique en compagnie de ses parents, Jane Curtis reçoit d'étranges messages inexpliqués venant de l'au-delà lui incombant de venir en aide à une certaine Karen. Il s'agirait de la fille de la propriétaire de leur bâtisse en location disparue 30 ans plus tôt lors d'un rite avec ses trois amis de l'époque. Jane et sa soeur cadette Ellie vont indépendamment entrer en contact avec la disparue afin de percer le mystère qui entoure son inexplicable disparition.


Porté à bout de bras par la jeune comédienne Lynn-Holly Johnson pleine de conviction à se glisser dans la peau d'une investigatrice aguerrie en proie aux forces surnaturelles, Les Yeux de la Forêt parvient sans effet de manche à nous faire croire à l'improbable grâce au jeu spontané des comédiens communément impliqués dans l'action occulte, et d'une ambiance d'étrangeté diffuse assez perméable. Et ce sans compter sur l'habile savoir-faire de John Hough réussissant à dynamiser l'intrigue dans son concentré de suspense (notamment au niveau du comportement interlope de certains témoins du drame), incidents surnaturels et rebondissements instaurés à proximité d'une forêt et d'une chapelle. Théâtres d'évènements dramatiques perpétrés à la suite du rite de quatre acolytes ayant probablement ouvert une brèche dans l'au-delà. Si on fait fi de l'acte de présence de David McCallum  (reconnu 5 ans plus tôt par la série TV, l'homme invisible) complètement en retrait de l'aventure, on peut toutefois se réconforter auprès de l'éminente Bette Davis en octogénaire solitaire, aigrie par la perte de l'être cher. Sa présence symbolique rehaussant la dimension ombrageuse de l'intrigue de par son charisme à la fois buriné et souffreteux, veuve meurtrie chargée de secrets inavouables. Si son spectaculaire final (rafistolé par la production) ne nous dévoile pas tous les tenants et aboutissants de cette mystérieuse disparition (pour quelle véritable raison Karen fut transférée par erreur et quelle est cette entité malfaisante ?), les Yeux de la Forêt parvient pour autant à convaincre sous le pilier d'un évènement aussi naturel que singulier (une éclipse) et d'une attachante cohésion solidaire motivé par la constance.


Série B habilement contée autour d'un environnement gothique sensiblement appréhensif (la forêt hostile, la chapelle en ruine et la bâtisse des résidents communément molestées par une force occulte), les Yeux de la forêt parvient à exploiter le thème de la hantise parmi l'efficacité de son pitch truffé de suspense et interrogations, et parmi l'implication de Lynn-Holly Johnson très convaincante en enquêtrice redresseuse de tort ! Mené sans temps morts et suscitant un charme rétro au gré de son mystère diffus, les Yeux de la Forêt possède le savoir-faire confirmé de son auteur, et ce en dépit de son point d'orgue perfectible pour autant attachant.

Ci-joint la chronique de la Foire des Ténèbres: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/11/la-foire-des-tenebres-something-wicked.html

* Bruno

jeudi 22 mars 2018

JACK L'EVENTREUR

                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site thecanniballecteur.wordpress.com

"Jack the Ripper" de Jess Franco. 1976. Suisse/Allemagne de l'Ouest. 1h32. Avec Klaus Kinski, Josephine Chaplin, Andreas Mannkopff, Herbert Fux, Lina Romay, Nikola Weisse, Ursula von Wiese, Hans Gaugler, Francine Custer, Olga Gebhard...

Sortie Salles France: 31 Janvier 1979. US: 12 Octobre 1979.

FILMOGRAPHIE: Jesús Franco Manera (né le 12 mai 1930 à Madrid) dit Jess Franco est un cinéaste espagnol. Son premier long métrage est achevé en 1959 premier d'une longue série de plus de 200 films. 1962: l'Horrible Dr Orlof, 1966: le Diabolique Dr Zimmer, 1970: Les Nuits de Dracula, Eugénie de Sade, 1971: Vampyros Lesbos, 1973: La Comtesse Noire, Christina, princesse de l'érotisme, 1976: Jack l'Eventreur, 1980: Mondo Cannibale, 1981: Sadomania, l'Abime des Morts-vivants, 1988: Les Prédateurs de la Nuit, 1996: Killer Barbys


Enième adaptation libre du célèbre éventreur de Whitechapel sous la direction de l'inénarrable Jess Franco, Jack l'Eventreur s'avère à mon sens l'une de ses plus brillantes réussites. Du moins l'une des plus ludiques et accessibles, de par son ambiance immersive à la fois inquiétante et malsaine, son gore tantôt crapoteux (quelques images complaisantes dignes d'un "d'Amato ketchup" marquent les esprits) et du portrait intimiste imputé aux serial-killer que Klaus Kinski endosse ici avec un flegme patibulaire. L'acteur promenant sa sinistre cape noire de manière aussi bien nonchalante qu'insidieuse. Déplaçant l'action au sein d'un village de Zurich (le film est une production Germano-Suisse), Jess Franco transfigure la forme parmi l'éventail de décors saillants (le cabaret d'un rouge rutilant, les ruelles brumeuses, le bois envapé, le petit lac jonché de cadavres ou encore le repère domestique de l'éventreur notamment fréquenté par sa domestique complice), et ce en dépit d'une scénographie assez limitée.


Fascinant et envoûtant au gré d'un climat de sensualité inévitablement morbide (comme le souligne vulgairement une séquence limite nécrophile et assez viscérale si bien qu'elle risque de provoquer un "haut le coeur" chez les plus sensibles); Jack l'Eventreur titille notre curiosité malsaine à travers la psychose d'un misogyne en proie aux hallucinations d'une charnalité impure. La faute incombant à son enfance martyre causée par une mère abusive et catin. Plus proche d'un Maniac de Lustig (en mode "Z", Franco oblige !) que du traditionnel éventreur en bonne et due forme, Jack l'Eventreur s'avère également avisé dans sa structure narrative pour autant dénuée de surprises. Le réalisateur s'efforçant surtout à nous décrire les faits et gestes quotidiens du docteur partagé entre ses occupations professionnelles (il vient en aide aux plus démunis au point de leur avancer certains frais), intimes (sa relation amiteuse aussi bien complexe qu'impossible avec la propriétaire de son foyer) et criminelles (il trucide sans vergogne les prostituées les plus distraites). Et si son final éculé aurait gagné à être autrement plus intense et inventif, il parvient malgré tout à éveiller l'intérêt, la descente aux enfers du tueur s'achevant de manière néanmoins haletante et précipitée. On s'amuse également de quelques seconds-rôles attachants dans leur posture complice ou observatrice (l'aveugle prévoyant, le pêcheur cupide, la domestique inconséquente nantie d'instinct pervers tacite) parvenant à donner chair à leur personnage avec un soupçon de dérision.


En dépit d'un schéma narratif trivial et du jeu peu persuasif d'Andre Mannkopff incarnant l'inspecteur Selby sans trop d'inspiration (on s'amuse néanmoins de son affable présence), Jack l'Eventreur demeure une heureuse surprise au sein de la carrière pléthorique de Jess Franco. Une vision personnelle du tueur londonien à la fois réaliste, étrange et soignée (sa reconstitution historique est en prime immersive à souhait) sous l'impulsion d'un Klaus Kinski autrement ombrageux et taiseux. 

* Bruno
27/02/11 - 22/03/18. 4èx

mercredi 21 mars 2018

On l'appelle Trinita

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Lo chiamavano Trinità..." de Enzo Barboni. 1970. Italie. 1h50. Avec Terence Hill, Bud Spencer, Farley Granger, Dan Sturkie, Gisela Hahn.

Sortie salles France: 21 Juillet 1971. Italie: 22 Décembre 1970. U.S: 4 Novembre 1971

FILMOGRAPHIEEnzo Barboni (E.B. Clucher) est un directeur de la photographie et réalisateur italien né le 10 juillet 1922 à Rome et mort le 23 mars 2002. 1970 : Ciak Mull. 1970 : On l'appelle Trinita. 1971 : On continue à l'appeler Trinita. 1972 : Et maintenant, on l'appelle El Magnifico. 1973 : Les Anges mangent aussi des fayots. 1974 : Même les anges tirent à droite. 1976 : Deux super flics. 1982 : Ciao nemico. 1983 : Quand faut y aller, faut y aller. 1984 : Attention les dégâts. 1987 : Renegade. 1991 : Ange ou Démon. 1995 : Trinità & Bambino... e adesso tocca a noi.


                                "Venez mes frères ! - Qui c'est qui lui a dit qu'on était frères ?"

Gros succès international si bien qu'une suite fut rapidement mise en chantier par Enzo Barboni himself, On l'appelle Trinita est sans doute l'une des meilleures comédies du duo impayable Bud Spencer / Terence Hill. Et si le pitch, à la fois classique et folichon, ne brille pas par son originalité, (se faisant passer pour des shérifs au sein d'une petite ville, 2 frères que tout oppose vont prêter main forte à une communauté mormone molestée par des brigands mexicains ainsi qu'un major cupide), le climat aussi bien burlesque que rocambolesque que parviennent à générer les "Laurel et Hardy" (du western parodique) pallie ces carences de par leur tranquillité sereine fraîchement irrésistible.


Car outre la complémentarité très attachante de ces derniers s'en donnant à coeur joie dans leur dissension fraternelle et postures héroïques inébranlables (Hill jouant le frère "pot de colle" féru de la gâchette, Spencer l'aîné bourru résolument indépendant), l'inventivité des bastons à la fois ludiques et très spectaculaires (Spencer, passé maître dans l'art de foutre des baffes et gros poings sur la tête de ses adversaires) et les gags bonnards qu'ils enchaînent par provocation nous irradie d'un sourire aux lèvres permanent. A l'instar d'un bambin de 5 ans fasciné par la magie de l'écran et du jeu malicieux de ses héros à peine dérivés d'une bande-dessinée (Hill et Spencer sont d'autant plus charismatiques dans leur stature flegme de cow-boy mal rasés). Bien évidemment, l'humour pittoresque qui se dégage de leur orgueil et arrogance à se gausser de leurs rivaux ne fait nullement preuve de subtilité. Mais pour autant, et par la magie de l'entreprise latine résolument artisanale (le film adopte d'ailleurs une vraie facture de western poussiéreux en format cinémascope), on s'enjaille couramment et on rit de bon coeur grâce à leur esprit de dérision aussi bon enfant qu'assumé.


Western parodique familial qui allait enflammer la carrière du duo légendaire Bud Spencer/Terence Hill (tout en décontraction inégalée !), On l'appelle Trinita constitue une cure de bonheur anti-dépressive pour le public de 7 à 77 ans. D'une sincérité et d'une générosité encore plus touchantes aujourd'hui (du moins auprès de la génération 80 !), ce pur divertissement Bis parvient à rajeunir le genre spaghetti sous l'impulsion de la chanson entêtante de Franco Micalizzi se prêtant harmonieusement à l'ambiance aussi chaleureuse. Simplement magique !

Box Office France: 2 624 948 Entrées ! 

* Bruno
3èx

mardi 20 mars 2018

THE ROAD WITHIN

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site thepsychword.com

de Gren Wells. 2014. U.S.A. 1h40. Avec Robert Sheehan, Dev Patel, Zoë Kravitz, Robert Patrick, Kyra Sedgwick.

Sortie Dvd France: 13 Décembre 2017. U.S: 17 Avril 2015 (limité)

FILMOGRAPHIEGren Wells est une réalisatrice et scénariste  américaine, née le 28 Juin 1974.
2014: The Road Within.


Passé à la trappe d'une exploitation salles sur notre territoire et en sortie limitée Outre-atlantique, The Road Within fait à mon sens office de bijou maudit, de par sa faible réputation beaucoup trop discrète, et ce en dépit de critiques et d'un accueil public favorables. Illustrant sans pathos ni misérabilisme le road trip d'un trio de jeunes patients échappés de leur clinique en lieu et place d'ennui, The Road Within nous touche droit au coeur sous l'impulsion alerte de comédiens sidérants de naturel. A point tel que sitôt le générique clôt, nous éprouvions une mélancolie douce amère de devoir s'en séparer si précipitamment. C'est dire si Vincent (atteint du syndrome de la Tourette), Alex (souffrant de TOC) et Marie (anorexique endurcie) parviennent communément à nous amuser et émouvoir avec une spontanéité, une fringance et une innocence tantôt cocasses, tantôt bouleversantes. Et ce en dépit de leurs actions marginales peu recommandables (vol d'essence et de voitures, larcin dans une épicerie) mais pour autant contrebalancées d'un goût du risque, de l'aventure et du désir de vivre bâtis sur une irrésistible impertinence.


A travers leurs pérégrinations à tenter de rejoindre un bout d'océan afin d'exaucer le voeux de Vincent (déposer les cendres de sa mère récemment décédée), Gren Wells (dont il s'agit ici de son 1er essai) trouve la juste mesure à conjuguer humour, tendresse et émotion sans sombrer dans le mélo, la caricature et encore moins la raillerie à travers les expressions exubérantes de trois paumés apprenant à coexister avec leur maladie mentale. Récit initiatique à accepter leur fardeau grâce aux valeurs de l'amitié et de l'amour, The Road Within milite pour le droit à la différence et le dépassement de soi à condition que le sujet parvienne à travailler une forme de paix intérieure. Au-delà de la grande complicité terriblement attachante des comédiens épatants de verve et d'innocence (de par la beauté de leur âme et la pureté de leurs sentiments), on peut également applaudir les prestances contrairement matures de Kyra Sedwick en médecin conciliante et Robert Patrick en paternel égoïste gagné par la culpabilité et le remords, faute d'une carrière politique en ascension. Et ce au détriment de l'amour de son fils. A travers leur filature routière à tenter de localiser les 3 rebelles, la réalisatrice parvient là aussi à toucher et à amuser lors de leur confidence intime et crises de colère, notamment en abordant le thème de la démission parentale avec une modestie dénuée de prétention. 


Invitation à l'évasion à travers les panoramas californiens, vent de fraîcheur baignant dans l'insouciance d'une liberté expansive, The Road Within fait constamment appel à l'émotion la plus tendre et sémillante à travers les vicissitudes de trois jeunes adultes furieux de leur condition d'exclusion. Dévoilant avec une étonnante pudeur et un refus de voyeurisme une magnifique leçon de tolérance, de compréhension (envers autrui) et d'amour durant leur quête de convalescence, The Road Within s'enrichit d'un cheminement narratif aléatoire ponctué de rebondissements pittoresques (l'échange des voitures volées) et de péripéties folingues. A découvrir fissa si bien que nos trois lurons marquent de leur empreinte frondeuse une épopée rocambolesque avec une liberté d'esprit aussi humaine qu'ordinaire ! 

* Bruno

Ci-joint l'avis d'une inconnue: gvuxmvr parce que j'ai été très sensible par ses impressions (si humaines), tant et si bien qu'elle est parvenue à me convaincre de céder à la tentation du désir.

Evidemment, les performances de Robert Sheehan et de Dev Patel (hyper talentueux) sont au coeur de la beauté et de la réussite du film. Ils sont littéralement à couper le souffle. Une fois que nous rentrons dans leur monde, leur jeu d'acteur nous retient jusqu'au bout. Ce film très touchant de réalisme, c'est un road trip qui forme des équipes inattendues. Les dialogues sont terribles, pleins de vérité et des fois empreints d'un humour contagieux. Ce genre de films mériterait d'être bien plus reconnu car il vaut vraiment le coup, c'est une bouffée d'air frais, et pourtant le sujet est très sérieux. L'histoire est jolie, elle prouve que ceux que l'on enferme pour troubles mentaux ont probablement plus d'humanité et de maturité en eux que ceux qui les côtoient mais qui sont à l'extérieur des quatre murs et se prétendent "normaux". Cette petite équipe de bras cassés est très attachante, ils connaissent la valeur des petites choses qui rendent heureux. On peut dire que la tension est quasiment toujours à son maximum, et on se demande si les plombs des personnages ne vont pas péter en même temps que ceux des spectateurs ! Qu'est-ce qu'on rit ! Mais qu'est-ce qu'on pleure aussi... Comme c'est humain ! La photographie est aussi très jolie, car elle est toujours en accord avec l'état intérieur des personnages. Autant dire que je recommande vraiment ce film !

* Gvuxmvr (27.03.17)


Gren Wells